Direction Onéa
_Amoureux de mes deux, amoureux de mes deux.. et c’est toi qui dit ça !
_Si je veux. C’est quoi ça ? – dit-elle en désignant le plan foireux de Milo
_Vous m’emmerdez. Allez-y, faites-le, si c’est si facile.
Ween s’acroupit pour mieux voir et effaça le tout avec sa paume.
_Mais..
Trouille n’eut pas le temps de finir d’exprimer le fond de sa pensée que Ween s’activait déjà.
Ses doigts partaient dans tous les sens, se chevauchaient, galopaient, un grand canyon par ci et un bateau par là.
Pour finalement dessiner une ligne droite.
_Tout ça pour ça ?
Ween haussa les épaules.
_Le
meilleur chemin pour aller d’un point à un autre, c’est la ligne
droite. De toute façon, crois-moi, pour arriver à destination, ça sera
déjà assez complexe comme ça.
_Si il est si compliqué, pourquoi tu t’obstines à lui courir après ?
_Je n’en ai strictement aucune idée.
_Si je ne te connaissais pas, Ween, je dirais que tu es folle.
Milo
avait fait un feu de camps, malgré la douce chaleur de l’été naissant,
et Ween était allée cueillir des pommes pour le barbecue : vaut mieux
ça que des chamallows roses dégoulinants.
Trouille contemplait le
plan déssiné par les soins de Ween et rêvait de ses saloons et de ses
bateaux pillés, elle commençait à beaucoup se plaire dans le monde de
celle-ci, bien qu’elle se sente un peu étrangère. Mais ça la rassurait
que Ween soit aussi perdue qu’elle.
Milo vint s’asseoir à côté d’elle et déposa la flûte de Pan devant ses pieds.
_Toi aussi, tu as un monde à toi.
Trouille enfila la flute de Pan et souffla quelques notes dans les tubes en bois.
Elle se souvenait, petit à petit.
Et constata avec surprise que Ween ne partageait pas son enthousiasme.
_Pourquoi elle fait la grimace ? J’ai fait quelque chose de mal ?
_Non, non.. Ce n’est pas toi. C’est le propriétaire de cette flûte.
_Et.. qu’est-ce qui s’est passé ?
_C’est une longue histoire, tu sais.. et puis toi aussi, il y aura des choses qui te déplairont sûrement.
_Peu importe, puisque je ne me souviens plus..
_Vraiment ?
*
Trouille ne savait même pas de quoi elle parlait, au fond.
Mais plus elle soufflait dans la petite flute, plus les image defilaient sur sa cornée.
Il
y avait des centaures, et surtout, un cirque, une licorne qui
ressemblait à un Yak, des trapezistes, des saltimbanques et des
troubadours, des sirhaines avec des sales gueules, et une espèce de
bulle de savon souriante... Oui, Trouille se rappelait.
La flûte
de Pan, c'est evidemment celle de Peter-Pan. Oui oui, celui-là. Non,
pas la gueule plate applati d'un disney foireux, le vrai.
Celui que Ween deteste pour on ne sait quelle raison.
_ C'est vrai ça, pourquoi tu le deteste, d'ailleurs ?